4. TDS ???
> sur les Traces des Ducs de Savoie
> 119km - 7250mD+
> Temps limite : 33h
> Partants : 1809
> Arrivants : 1213
> Abandons : 596 (soit 33%)
>
> 5. COURSE
> Ayant déjà fait la quasi moitié du parcours 2 ans plus tôt, je savais à quoi m'attendre sur la 1ère partie de course. On était avec Lionel à l'avant du peloton en attente du départ. Le but étant de ne pas faire le yoyo, juste partir cool et se faire doubler.
> On a fait la 1ère côte ensemble et je me suis légèrement détaché juste avant le 1er point de passage (1187ème - 6,6km).
> Jusqu'au Col du Petit St Bernard tout ce passait bien, il faisait beau et pas encore trop chaud (662ème - 36,3km). Après le Col, grosse descente sur Bourg Saint Maurice en plein cagnard. Descente traumatisante de part la chaleur et le fait de se freiner constamment (506ème - 50,6km). Bon ravito et montée ensuite sur le "juge de paix" du parcours. Même s'il reste encore la moitié du tracé à boucler... Cette fameuse montée au Fort La Platte qui avait eu raison de moi 2 ans plus tôt.
> Je décidais bien évidemment de partir doucement et d'essayer de tenir un rythme régulier sans me mettre sur le côté. Tout se passait bien même si je commençais petit à petit à être vraiment dans le dur et avoir des crampes aux quadris. La chaleur, le manque d'air, l'absence d'ombre et de replats pour récupérer avaient quasiment eu raison de moi. Il a fallu qu'à moins de 100m du Fort, une guêpe me pique à l'abdomen à travers mon t-shirt pour me foudroyer littéralement. Arrivée au poste de secours, je me suis assis en pensant que tout était fini. J'avais extrêmement mal, ça me brulait, me lançait et me faisait suffoquer. J'étais écoeuré. Effondré. Au même endroit qu'il y a 2 ans. De plus, les secouristes n'avaient rien pour moi. Ni pommade apaisante, ni cachet... Dans ma tête, c'était la fin. Je ne m'étais pas fait biper le dossard.
Étant largement en avance sur les barrières horaires, je suis quand même resté sur une chaise en plein soleil à essayer de récupérer en m'hydratant bien. Je me rappelais sans cesse la galère de mon retour sur Cham 2 ans plus tôt en bus sans pouvoir prévenir mes parents au ravitaillement suivant où le portable ne passe pas.
Il fallait absolument que je rejoignes Cormet de Roselend pour retrouver Mado, Alain et mes parents pour qu'ils me ramènent à Cham. 45'/50' après mon stop, je rechargeais les gourdes, faisais biper mon dossard (642ème - 55,9km) et reprenais le sentier en direction de Cormet. Toujours en montée mais beaucoup moins raide. Il fallait tout de même escalader le Passeur de Pralognan, passage le plus technique de la course. Jusqu'à Cormet, j'ai alterné le bon et surtout le moins bon. Crampes aux quadris en montée et en descente même si j'ai pu dérouler à certains endroits. Et j'avais toujours mal à ma piqûre de guêpe. Des douleurs qui me suivront jusqu'au lendemain de la course. Arrivé à Cormet (548ème - 66,4km) avant la nuit, je récupère mon sac d’allègement avec mes affaires propres pour la nuit puis me ravitaille tranquillement, ne voyant pas mes parents ?! Soupe de vermicelles, box de pâtes à la bolo, puis une 2ème. C'est ça les gros. Faut que ça bouffe.
Mes parents avec M et A m'avaient retrouvés. Je leur expliquais ce qu'il s'était passé et leur ai dit que j'étais cramé, que je voulais rentrer et dormir. Il reste +50km avec 3000mD+. De nuit, dans la pampa. Mon cerveau broie du noir depuis Fort de la Platte. Les Ultras ne sont pas pour moi. Je n'ai pas le niveau. Je me sur-estime. Je ne vais plus faire que des courses avec max 25 km. La TOTALE. Ma mère m'encourage et me rebooste en me disant de ne rien lâcher. Le ravito m'a fait du bien et bizarrement je me change et m'habille mécaniquement comme j'avais prévu pour attaquer la nuit. Je repars pour voir, en sachant que les 300m de D+ du Col de la Sauce n'ont pas l'air très raide. 45'/50' après mon arrivée à Cormet, me revoilà en piste, frontale sur la tête, prête à être allumée, la nuit arrivant rapidement. Mais je ne me faisais pas trop d'illusions.
> J'attaque la montée tranquille, il fait frais et ça me fait du bien. Je rencontre un strasbourgeois avec qui je vais faire un petit bout de chemin. On discute de tout et de rien. On pense à autre chose. Ça fait du bien. Je recommence à doubler dans la montée. J'allume ma frontale, enlève mes 2 buffs, mes gants, mon gilet sans manche. La nuit est splendide. Ciel dégagé, étoiles, quasi pleine lune, douceur... le TOP. Au sommet du Col de la Sauce, je récupère un sentier magnifique. Petit single en terre avec une pente douce au début qui me permet de redérouler les cannes. Je retrouve de ma superbe. C'est incompréhensible ?! Et la débute un véritable festival. Passage du curé. Je m'éclate royalement. Arrivée à la Gitte (542ème - 74,5km). Ravito express et je repars pour 600mD+ qui me faisait un peu peur en repartant de Cormet. Je joue la sécurité, retrouve mon rythme de croisière prudent en montée. Je double des coureurs à l'agonie complète. Mais moi ça me fait du bien moralement. Au sommet, je continue mon festival sur une partie intermédiaire (descentes, montées, plats) pour rejoindre la Col du Joly. Je suis en jambes et continue sur un rythme soutenu. Je ne suis pas euphorique car je sais très bien que tout peu s'inversé en un rien de temps. Mais je décide de continuer et de ne pas me relâcher, kit à exploser ensuite et marcher. Je prends énormément de plaisir et j'ai tellement galèré en fin d'après-midi, que je ne veux pas que ça s'arrête.
> Arrivé au Col du Joly, il y a une grosse ambiance. On retrouve un peu la civilisation (465ème - 85,3km). C'est excellent. Musique à fond, des feux, animations... Je suis surpris parce qu'il s'agit en fait d'un gros ravito où beaucoup de coureurs récupèrent et se nourissent !? Le prochain ravito est aux Contamines 10km plus bas et fait parti des 3 gros ravitos de la course avec B ST M et Cormet. En plus, on a le droit à l'assistance. C'est pour cela que je suis étonné. Je rentre dans la grande tente (pas le choix), boies un bouillon salé et me barre illico. J'ai la chauffe et mes suiveurs sont aux Contamines. Aucun intérêt à rester là même s'il y a du monde et que l'ambiance est chaleureuse. Les bénévoles sont même surpris par mon ravito express mais voient que je suis en pleine bourre. 10km de descente (6 raides + 4 faux plat descendant). J'envoie toujours du bois. Double encore des concurrents. Même si les coureurs sont de plus en plus espacés. Tout ce que j'aime. On est à nouveau dans la forêt et l'ambiance est magique. Ma frontale est vraiment TOP. Je suis content car je l'avais acheté 2 ans auparavant pour la TDS et je ne l'avais pas utilisé ?!
> Aux Contamines (358ème - 95,2km), je prends mon temps pour ravitailler même si je ne veux pas m'attarder pour ne pas prendre froid et garder mon rythme. Je vais attaquer la dernière grosse montée du parcours. 1200mD+ en 2 blocs. Ce n'est quand même pas rien. La fatigue me rattrape un peu et je me dis que je suis peut-être en train de payer ma remontée infernale. Une jolie jeune femme de chez PETZL me voit en train de mettre des piles neuves à la place de ma batterie sur ma frontale et me propose de l'échanger contre une nouvelle en me disant que c'est mieux qu'avec des piles. Du coup, notre échange étant sympathique, elle me l'a donnera. Et oui, le coach dit toujours qu'il faut être beau à voir courir. J'ai compris pourquoi. 40€ de gagné.
> Je repars prudemment. J'ai remis mon gilet sans manches et mes gants. La montée aux Chalets du Truc et de Miage est éprouvante. Ça monte très fort, droit dans la pente, sans s'arrêter. Mais j'avance toujours. Mon estomac recommence à se serrer à cause de la difficulté. J'ai l'impression de revivre la montée au Fort de la Platte, la chaleur en moins. Heureusement que j'avais mon MP3 pour essayer de penser à autre chose. Dans la petite redescente avant d'attaquer le 2ème bloc de D+, je sens la gerbe monter. Mon ventre est cramé. Je me mets sur le côté et me vide complètement. Je me dis que tout est terminé. Mais j'ai la lucidité immédiate de rester calme et de laisser mon corps faire les choses. C'est la 2ème fois que je vomis sur une course. La 1ère, c'était il y a 2 ans sur la TDS et c'est ce qui m'avait arrêté. J'ai appris et ne me crispe pas. Une fois les vomissements terminés, je me rince la bouche à plusieurs reprises. Mais je ne peux plus manger ni boire. Je continue de marcher pour récupérer. Bizarrement, mon ventre s'est dénoué et je me sens beaucoup mieux. Col du Tricot en vue. On voit le serpent de frontales qui monte en direction du sommet où l'organisation a installé un phare lumineux. C'est MAGIQUE. Temps annoncé au pied du Col : 2h00 pour les randonneurs. D'habitude sur les entrainements, je mets moitié moins de temps. Mais là, j'ai fait quasi 100km et j'ai battu mon record de l'UTV. Je me dit que si je monte en 1h30, ça sera déjà énorme. Je monte en 45'. STRASTOSPHERIQUE. J'ai attaqué fort et maintenu le rythme. Tout en puissance. Des cuissots de feux. Je me suis impressionné. Comment aller aussi vite à ce moment là de la course ? Je vous réserve la réponse à la fin. Au sommet je suis véritablement heureux, j'embrasse le bénévole qui me bipe (344ème - 102,2km) et ses collègues à ses côtés. J'attaque la descente et pousse un énorme crie de joie qui fera rire les bénévoles. Sauf blessure, j'irai au bout même en marchant. Il n'y a plus de difficulté majeure. La transition vers Bellevue est très accidenté et très dangereuse. Je prends donc mon temps et assure. Je traverse une passerelle en contrebas du glacier de Bionnassay. Courte mais dur remontée où je remets de la puissance. Long balcon roulant où j'envoie encore fort. J'arrive à Bellevue (326ème - 106,2km). Arrivée du Téléphérique des Houches et départ du petit train pour le Nid d'Aigle. Ça me rappelle d'excellents souvenirs. A/R au Mont-Blanc avec Saubinao et descente du Mont-Blanc avec mon pote Super Pat. 4km de descente à blocs jusqu'aux Houches. La fin est proche et j'arrive encore à soutenir un rythme élevé. C'est incroyable. Ravito express.
Je recharge mes gourdes. Il ne reste que 8km de montagnes russes pour atteindre Chamonix. On avait mis 1h30 en marchant vite avec mon pote Philou quand j'ai reconnu la fin du parcours 15jours plus tôt. J'annonce à mes parents, M et A une arrivée entre 1h et 1h30. Mais....... j'ai toujours la chauffe et je me challenge en me disant que si je mettais - d'1h, ça serait énorme (je mettrais moins de 55' !!). Le jour s'est levé, j'ai rangé ma frontale dans mon sac en courant, le Mont-Blanc est sur ma droite. Il est majestueux. J'ai une pensée pour Saubinao qui tentera de le gravir dans 3 semaines. Je suis frais et j'accélère la cadence. J'arrive vers les 1ères maisons, je croise des coureurs du dimanche (alors qu'on est jeudi ?!) qui me félicitent et qui me prennent pour un extra-terrestre. Je rentre dans Chamonix, tape dans les mains de japonnais (ou chinois) qui m'applaudissent. J'attaque la rue centrale et remet un coup de collier. Je pense à toutes les séances de seuil faites sur la piste sous la canicule cet été à Duboeuf. Je m'envole un peu plus. J'arrive un peu dans l'anonymat. Il est 7h du matin passé et rien n'est ouvert.
Peu importe, Alain et Mado m'attendent avec mes parents. Je cours pour moi et je vais réalisé mon plus bel exploit sportif.
Je finis en véritable boulet de canon, passe enfin la ligne d'arrivée et tombe dans les bras de mon père à 7h12. Soit 118,9km pour 7223mD+ en 25h12. FINISHER en terminant 299ème. J'ai la surprise de voir aussi Lionel qui comme dit au début m'a gentillement attendu. Je suis heureux, fier de moi et bizarrement pas cramé.
Merci pour ce ressenti d'après course et encore Bravo pour ta course !!!! Ahoooooouuuuuuuuu !!!!!!!
A+ Le Reporter
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